Journal of Linguistics and Language Teaching
Volume 9 (2018) Issue 2
pp. 243-263
pp. 243-263
intégré
aux programmes de double diplôme
Karl-Heinz
Eggensperger (Potsdam, République
fédérale d'Allemagne)
Abstract (English)
This
article deals with French language courses for specific purposes for
students enrolled in dual degree programs. The language skills
students need can obviously not be acquired in general language
courses.
Currently, training programs at universities in France are intended
for heterogeneous student profiles. The article outlines another type
of language training for students enrolled in law, political science,
economics and management. These foreign language courses aim to
develop a language proficiency allowing students to understand
lectures in their discipline, take notes and pass written and oral
exams. The article describes interdisciplinary research divided into
legal, linguistic and methodological areas. Its objective is to
identify disciplinary knowledge, linguistic knowledge and language
skills
by the analysis of a homogeneous corpus of law lectures. Suggestions
for teaching materials illustrate the theoretical concept.
Keywords:
French
for
specific purposes,
dual
degree programs,
syllabus,
teaching
materials
Abstract (Deutsch)
Im
Mittelpunkt des Beitrags stehen curriculare Elemente für
fachbezogene Französischkurse in integrierten Studiengängen mit
Doppelabschluss. Die dafür erforderlichen sprachlichen
Voraussetzungen können nicht in allgemeinsprachlichen Kursen
erworben werden. Eine Grundlage für die Bewältigung
hochschulspezifischer Aufgaben in der Fremdsprache bilden
der handlungstheoretische Ansatz des Gemeinsamen
Europäischen Referenzrahmens
und UNIcert®.
Sprachkompetenz wird als interagierendes Gefüge von Teilkompetenzen
zur Bewältigung kommunikativer Aufgaben beschrieben. Die
Vielschichtigkeit der notwendigen Kompetenzen lässt sich durch ein
Modell sichtbar machen.
Anschließend
werden studienfachbezogene Grundkenntnisse zusammengestellt. Am
Beispiel des französischen Staatsorganisationsrechts zeigen sich
wesentliche Unterschiede zwischen Fachcurriculum und fachbezogenem
Fremdsprachencurriculum. Vorschläge zu Unterrichtsmaterialien für
fachbezogene Lexik, Notationstechniken für Vorlesungen und zur
Redaktion von Präsentationsvorlagen sollen das theoretische Konzept
veranschaulichen.
Stichwörter: Fachbezogener
Französischunterricht,
Doppelstudiengang,
Curriculum,
Unterrichtsmaterialien
1
Introduction
Dans un
certain sens, l'article constitue la suite d'une contribution publiée
au Journal
of Linguistics and Language Teaching
sur la formation linguistique des publics
allophones
qui suivent des études universitaires en français (Eggensperger
2016a). Elle avait pour objet une épreuve écrite proposée aux
étudiants allemands d'un cours de français
intégré
dans un programme de double diplôme
de niveau licence.
Après avoir suivi un cours magistral en droit de famille et environ
15 heures d'enseignement, les participants doivent résoudre un cas
pratique en droit de la famille. L'analyse des copies rendues nous
mène à des réflexions sur un type nouveau de cours de langue sur
objectifs universitaires.
Le
présent article développe quelques spécificités de cette
situation d'apprentissage dans laquelle le français sert de vecteur
à l'étude d'une discipline scientifique. Les cours de langue
intégrés aux programmes de double diplôme ont pour objectif global
de permettre à des étudiants
allophones
d'accéder aux savoirs disciplinaires et de produire les écrits
exigés par les épreuves. La préparation linguistique peut être
inspirée par des méthodologies variées.
Dans un
premier temps, on reprend quelques aspects essentiels des concepts de
Français
sur objectifs universitaires (FOU)
et d’UNIcert®.
Le chapitre suivant est consacré à un cadre conceptuel pour
l’enseignement du français rattaché aux programmes de double
diplôme. Il importe de modéliser la compétence complexe à
maîtriser dans un cursus de double diplôme. Au 4e
chapitre, on s’attache à délimiter les contours d'un type nouveau
de cours de français sur objectifs universitaires (FOU II). Il
s'adresse à des étudiants relevant de la même discipline
scientifique ou regroupant des publics inscrits en droit, sciences
politiques, économie et gestion1.
Des études effectuées dans le cadre d’un double cursus droit
français – droit allemand
proposé par les universités de Paris Nanterre et de Potsdam ont
identifié quelques composantes importantes de la compétence de
communication à développer.
Il en
résulte un projet de recherche interdisciplinaire ayant
pour objectif de
répertorier les enseignements fondamentaux en droit des première et
deuxième années de licence (chap.
5.1). Les savoirs disciplinaires ne peuvent pas être compris et
assimilés par les étudiants que si le système juridique et la
langue sont eux-mêmes compris et assimilés. Le dépouillement d'un
corpus de cours magistraux permet d'identifier les connaissances de
base ainsi que le lexique spécialisé et courant des domaines du
droit (chap.
5.2) Par la suite sont proposées des activités langagières qui se
prêtent au développement de certaines composantes de la compétence
de communication d’un cours de FOU II. La prise de notes est
préparée par une page de notes
type
(chap.
5.3). Une fiche de réseaux notionnels avec le lexique spécialisé
est destinée à contrôler et à exploiter les notes prises en cours
magistral et à préparer la rédaction d'écrits (chap.
5.4). Les supports de formation illustrent le concept de FOU II et la
démarche didactique pour le mettre en œuvre.
2 Concepts de base
2.1 Le
concept de Français
sur objectifs
universitaires
En
France, le concept de Français
sur objectifs universitaires
(FOU) a émergé pour faciliter l’intégration et la réussite des
étudiants
allophones
dans une université francophone. Il a été élaboré
essentiellement « pour un public hétérogène des étudiants venant
de filières et de niveaux d‘études différents » (Mangiante &
Parpette 2011: 41). Les auteurs privilégient une approche
transversale qui permet de rassembler dans un même groupe des
étudiants de spécialités diverses. Ils collectent des discours
oraux et des écrits universitaires et les analysent pour déterminer
les compétences langagières à développer chez les étudiants.
Etant
donné qu'un cours magistral est une production complexe, diverses
entrées d'analyse sont possibles. Certes, personne ne contestera que
la compréhension d'un cours magistral demande des compétences
langagières qui ne relèvent pas seulement du contenu disciplinaire
ou du lexique spécialisé, mais aussi des complexités de sa
structure discursive (Mangiante & Parpette 2011: 61). Mais
quelle(s) entrée(s) choisir pour les déterminer ? Déjà en 2011,
Mangiante et Parpette cherchent un « modèle abouti et stable
d’entrée dans les CM pour élaborer des activités de
compréhension orale » (Mangiante & Parpette 2011: 61). Ils
recourent à un procédé qui se prête à plusieurs interprétations
:
Nous
allons dans un premier temps observer quelques extraits de cours et
analyser les aspects saillants, importants à maîtriser dans une
perspective de compréhension culturelle et linguistique des CM.
(Mangiante & Parpette 2011: 62)
Au lieu
de s'arrêter dans l'abstrait sur la question de savoir ce qu'on peut
entendre par les
aspects saillants,
il paraît plus judicieux de voir comment les auteurs eux-mêmes ont
mis en œuvre cette formule et quels en sont les résultats.
Quelques-uns des aspects considérés comme importants pour un
programme de FOU ressortent d'une analyse de fiches pédagogiques
accessibles sur un DVD accompagnant l'ouvrage cité (Mangiante &
Parpette 2011). En écoutant des extraits de cours magistraux, les
étudiants apprennent à se familiariser avec le cadre
institutionnel, les modes d‘organisation des enseignements et des
validations ainsi qu'avec les conseils de travail des enseignants.
Ils acquièrent des savoir-apprendre dans le domaine universitaire
(Tableau
1). Plusieurs fiches pédagogiques proposent des aides à la
compréhension d'un cours magistral comme les répétitions –
reformulations - métaphores, des rappels-annonces
qui, souvent au début des paragraphes d'un cours magistral, donnent
des renseignements sur sa structure. Cependant, suffirait-il aux
étudiants de repérer ou de relever des caractéristiques du
discours de l'enseignant pour maîtriser les contenus notionnels ?
La question de savoir comment résoudre la tension entre
transversalité et spécialité constituerait un sujet intéressant
pour un projet de recherche.
Dans les
programmes de double diplôme, le
public d'un cours
de langue se compose pour la plus grande partie d'étudiants inscrits
dans la même matière. Ils demandent une formation qui leur permette
d’acquérir une aptitude à communiquer au plus près des
situations qu’ils vivront dans leur formation disciplinaire. Pour
cette raison, la contribution présente favorise une approche à
partir des tâches relevant des études de droit. Mangiante &
Parpette n’excluent pas cette approche :
Pour
une approche précise des disciplines, on travaillera à la fois les
contenus, et les phénomènes linguistiques. (Mangiante &
Parpette 2011: 81)
Dans
l’ensemble, le concept de Français
sur objectifs universitaires
attire notre attention sur les exigences universitaires relatives à
la compétence langagière. Elles sont multiples et leur
apprentissage explicite doit être abordé :
La
prise en compte de la dimension culturelle et institutionnelle [...]
conduit à déplacer le concept de formation linguistique vers celui
de formation aux compétences universitaires. (Mangiante &
Parpette 2011: 235)
Une
contribution antérieure s'inspire de la méthodologie qui consiste à
construire les programmes de formation selon les besoins spécifiques
des publics qui veulent apprendre à agir dans les différents
milieux universitaires. Conformément à ce concept, la présente
étude est fondée sur la collecte et l’analyse de documents et des
discours authentiques
(chap. 5.1).
2.2
Le
concept d'UNIcert®
En
Allemagne, en 1992, les représentants de 25 institutions de
l’enseignement des langues dans le supérieur ont approuvé un
cadre commun de référence pour toutes les langues enseignées aux
universités allemandes (Eggensperger 2014a: 81). Les statuts
définissent, dans une perspective actionnelle, les tâches que les
apprenants doivent accomplir à l'intérieur d'un domaine d'action
particulier:
- maîtriser des situations linguistiques en rapport avec les études universitaires;
- répondre aux exigences des professions académiques par une formation adéquate dans la langue de spécialité de domaines scientifiques déterminés;
- se familiariser avec les problèmes posés par les échanges interculturels;
La
présente étude entend, selon le concept d’UNIcert®,
l'apprentissage d'une langue comme une construction progressive de
compétences qui se réalisent par la résolution de tâches dans un
domaine et dans des situations déterminés. Elle a essentiellement
trait aux cours du niveau UNIcert®
III, qui doivent permettre à l'étudiant de maîtriser des
situations linguistiques en rapport avec les études ou le travail au
cours d'un séjour à l'étranger.
3 La
compétence de communication dans une perspective actionnelle
Elaborer
des formations construites autour de l'idée de compétences
universitaires suppose la conceptualisation de la compétence de
communication. Le concept d’UNIcert®
se réfère, dans la perspective actionnelle, au modèle de la
conception de la langue et de la communication du Cadre
européen commun de référence pour les langues
(CECRL).
Une cartographie des compétences fait ressortir les composantes
d’une compétence de communication complexe et permet d'identifier
quelques particularités d‘un cours de français sur objectifs
universitaires.
Le
tableau suivant réunit une grande diversité d’éléments
constitutifs de toute forme d’usage et d’apprentissage d’une
langue dans les termes utilisés et définis par le CECRL (CECRL
2001: 15-19).
Comme tous les modèles de référence, il établit, de par sa
nature, une représentation générique des facteurs dans un certain
domaine. La présentation taxonomique a été choisie dans un intérêt
heuristique. Partant du terme de tâches2,
voir la case à la tête de la colonne droite du tableau, le modèle
assemble
des
éléments d’une compétence de communication complexe3.
Mais aucune des compétences du tableau ne se compose d’un seul
type de ressource ou, en d’autres mots, une compétence mobilise
plusieurs éléments du construit. En accord avec les auteurs du
CECRL, on pose que les diverses dimensions de la compétence de
communication sont en interrelation:
Tout
acte d’apprentissage / enseignement d’une langue est concerné,
en quelque manière, par chacune de ces dimensions. (CECRL 2001: 16)
Un
élément de construction de la compétence à communiquer
langagièrement, comme p.ex. la compétence pragmatique, est en
rapport avec plusieurs autres composantes, p.ex. les connaissances
déclaratives (les savoirs) associées de leur part aux compétences
générales individuelles. Produire un texte ou, en termes du
tableau, une activité langagière de production, exige p.ex. la
connaissance de formes linguistiques et procédurales (des
savoir-faire) :
Tab. 1: Composantes
d’une compétence communicative dans la perspective actionnelle du
Cadre européen commun de référence pour les langues, (CECRL 2001:
15-19)
Le terme
de compétence, tant polysémique qu’il soit, demande une
définition. Elle est si délicate qu’il est repris ici, pour des
raisons de commodité et pour respecter la cohérence des termes du
tableau, la définition du CECRL :
Les
compétences sont l’ensemble des connaissances, des habiletés et
des dispositions qui permettent d’agir. (CECRL 2001: 15)
Cette
formulation est proche de celle utilisée par les référentiels de
licence en 2012 qui entrent en jeu dans les programmes de double
diplôme :
Une
compétence est l’aptitude à mettre en œuvre un ensemble organisé
de savoirs, de savoir-faire et d’attitudes permettant d’accomplir
un certain nombre de tâches. (Ministère de lʼEnseignement
supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation 2015: 4)
Les deux
définitions ont un degré d'abstraction très élevé et ne se
réfèrent pas directement à la compétence langagière tout en
l'incluant. Mais elles font ressortir le caractère multidimensionnel
de la compétence, c'est-à-dire composées d'éléments qui
entretiennent des rapports nombreux, diversifiés, difficiles à
saisir par l'esprit et à exprimer par la langue.
Certes,
le concept a évolué depuis Lado (1961) qui identifie deux
composantes, les connaissances linguistiques et les habiletés de
base qui apparaissent dans le tableau comme activités
langagières.
Puis ont été ajoutés les savoir-faire.
Hymes (1972) fait ressortir que la langue est un outil de
communication et qu’il faut, en plus de la compétence
linguistique, une compétence sociolinguistique pour utiliser la
langue d’une façon authentique. Widdowson (1978) met en évidence
l’importance de la cohésion
et
de la cohérence
pour
créer un discours intelligible. Cette composante serait proche de la
notion de compétence
pragmatique
dans le tableau. Canale et Swain (1980) identifient, en plus d’une
compétence grammaticale et sociolinguistique, une compétence
stratégique qu’on peut rapprocher de stratégies
dans
le tableau. Mais, à ce stade de la théorie, la réception orale des
cours magistraux et la rédaction de travaux de validation n’étaient
pas encore prises en compte.
En 1982,
Moirand introduit une composante
référentielle
de la compétence de communication qui comprend une sorte de
connaissance générale du monde. En 1990, Bachmann présente un
modèle dans l’objectif de mieux évaluer la compétence de
communication acquise par les participants d’un cours de langue
étrangère. Ce modèle comporte également les connaissances
générales du monde comme une composante de la compétence de
communication. Si l’on développe cette idée, on n'est pas si loin
des savoirs
empiriques,
composante des compétences générales individuelles, du CECRL :
Les
savoirs, ou connaissance déclarative […] sont à entendre comme
des connaissances résultant de l’expérience sociale (savoirs
empiriques) ou d’un apprentissage plus formel (savoirs
académiques). (CECRL 2001: 16)
4
Un nouveau type de cours de français langue étrangère
Les
étudiants allophones doivent développer une compétence qui n’est
pas seulement langagière. Dans une perspective actionnelle,
les savoirs académiques font
partie des éléments constitutifs d’une notion élargie de
compétence de communication. C'est le rapprochement entre le champ
de l’enseignement du français et une discipline scientifique qui
constitue une des raisons de cette évolution.
Ce
rapprochement est en quelque sorte imposé. Les cours magistraux et
les travaux dirigés s’inscrivent toujours dans une logique
universitaire, ce qui signifie l’instrumentalisation de la langue :
la langue est un outil de communication avec autrui et un outil de
construction de savoirs.
Le contenu et la langue dans laquelle il est enseigné sont, au moins
en partie, nouveaux tous les deux. Les savoirs disciplinaires qu’ils
véhiculent ne relèvent pas d’un savoir antérieur déjà présent
dans la compétence générale de l’apprenant du fait de son
expérience de la vie ou de l’enseignement donné en langue
maternelle. Cette particularité soulève la question de savoir
quelles composantes interviennent lors de la réception et la
production des énoncés dans le contexte disciplinaire.
Deux
études étaient destinées à identifier les composantes
essentielles d’une compétence complexe nécessaire pour accomplir
des tâches associées à une discipline. Une première étude porte
sur la prise de notes en amphithéâtre (Eggensperger 2014b). La
réception d‘un cours magistral est une activité langagière plus
complexe que la compréhension d‘un document sonore d‘un cours de
français langue étrangère (FLE). Dans l'amphithéâtre, l'étudiant
perçoit des savoirs disciplinaires inconnus jusqu’alors qui lui
proviennent de l'enseignant. Il prend des notes, emmagasine les
enseignements en mémoire, puis les récupère lorsqu'il en a besoin.
Dans cette perspective, l'apprenant est un système actif de
traitement de
l'information.
L’apprentissage est considéré comme un processus d’établissement
de relations entre les nouvelles informations et les connaissances
déjà acquises. On pourrait dire que le concept de la compréhension
orale en cours de FLE se voit déplacé vers le concept du traitement
de l'information d'un cours magistral en FOU.
Par
conséquent, on s'est posé la question de savoir comment
l’information est perçue, décodée, encodée, traitée dans la
mémoire à court terme et à long terme. L’expérience a commencé
par la présentation d’un document sonore d'une durée de 15
minutes. Il s’agissait d’un extrait d’un cours magistral
portant sur la naissance du droit administratif. Puis une quinzaine
d'étudiants allemands ont, en situation d'examen à la fin d'un
cours de FOU II, répondu
à
un questionnaire qui vérifiait la capacité de restitution du cours.
L'analyse des copies a permis de jeter une lumière sur quelques
aspects des processus internes qui sont réunis dans un modèle sur
le traitement
de l‘information
(Eggensperger 2014b: 129).
Par
rapport à la question qui nous intéresse ici, il paraît
intéressant que les meilleurs
étudiants
semblent
réussir à synthétiser les
enseignements disciplinaires
du cours magistral en formant une entité unique plus facilement
mémorisable qu'un paragraphe qui comprend de nombreuses informations
(Eggensperger 2014b: 133s.). Plus un concept peut comprimer de
données,
plus il permet de mémoriser une séquence d’information longue et
l’intégrer dans un réseau de connaissances préconstituées4.
Dans les
copies avec les plus grandes lacunes, on peut observer des stratégies
de remplacement pour les termes qui expriment des concepts inconnus.
Des mots au sens très large se substituent à des termes techniques.
On trouve p.ex. « Les
Parlements critiquent les idées
*royaux »
au lieu de Les
Parlements critiquent les édits royaux.
(Eggensperger 2014b: 131s.) Il est possible que l'information
apportée par l'enseignant sur les édits
royaux
soit restée extérieure à l'auditeur.
L'autre
étude sur la résolution d'un cas pratique en droit de famille a
déjà
été
mentionnée dans l’introduction
de cet
article.
(Eggensperger 2016a). Elle a été menée dans le but de discerner
les principales composantes de la compétence de communication des
étudiants à
mobiliser pour l'expression écrite. L'analyse des copies rendues
permet de relever, en gros, cinq grandes catégories de difficultés
dues en premier lieu à l'insuffisance des savoirs disciplinaires
(Eggensperger 2016a: 123s.). Les copies qui relèvent d'un bon niveau
de langue, mais dont le contenu est faible, obtiennent des résultats
plutôt médiocres. Cela veut dire que les compétences à
communiquer langagièrement
(tableau
1) sans être liées à des savoirs disciplinaires ne suffisent pas
pour résoudre un cas pratique. Par conséquent, il sera
nécessaire de lancer
un projet de recherche sur un référentiel pour faciliter aux
étudiants la compréhension des cours
magistraux d'une
discipline scientifique et la rédaction des écrits de validation
comme p.ex. une dissertation juridique (Eggensperger 2016b: 246).
5 Projet
de dispositif de formation
Le
projet de dispositif de formation poursuit les objectifs suivants:
- établir un répertoire de concepts faisant partie du cursus droit des 1ère et 2e années de licence,
- réunir le lexique spécialisé et courant par le dépouillement d'un corpus de cours magistraux,
- élaborer des fiches pédagogiques.
Il
s'agit d'un projet de recherche interdisciplinaire qui se décline en
plusieurs axes:
- l’axe juridique:
Chaque
système juridique a pour fondement un réseau notionnel qui en est
le reflet. Il s'avère donc nécessaire d'identifier les
enseignements juridiques et de les regrouper conformément à l'ordre
disciplinaire. Il ne suffit pas de connaître le sens courant du
terme chambre
dans le contexte d'un cours magistral sur le droit constitutionnel,
où elle désigne une assemblée
de représentants du peuple.
Par contre, dans le chapitre sur l'organisation judiciaire d'un cours
d'introduction au droit,
le terme
chambre
pourrait désigner la section d'une juridiction. Le droit donne, dans
le contexte de la discipline, aux mots du langage courant des sens
qui lui sont propres.
- l’axe linguistique:
Dans une
publication antérieure, un corpus d'une trentaine de cours
magistraux portant sur différentes branches du droit français a été
présenté (Eggensperger 2014c: 299). Ce recueil de textes avait été
constitué dans l'intention de préparer des étudiants allophones
inscrits
dans un bi-cursus
droit français et droit allemand à
la prise de notes. Il représente un savoir établi, reconnu par la
communauté scientifique des juristes. La transcription des
enregistrements sert de point de départ pour l’exploitation du
corpus à main. L'approche est onomasiologique. L'analyse part des
concepts pour en recenser les désignations, en particulier les
termes techniques qui ne sont pas attestés dans les dictionnaires de
langue générale ou dont les éléments s'y trouvent dispersés sur
différents articles de leur macrostructure. Ces unités
signifiantes
sont
chargées d'un sens technique qui n'est accessible que si l'on
connaît le domaine auquel elles renvoient.
- l'axe didactique:
Un
référentiel de formation pour le FOU
II
n’est pas identique avec le référentiel de la discipline
scientifique à laquelle la formation est associée. Penser
le projet
en termes de didactique veut dire identifier le socle de
connaissances nécessaires pour la compréhension des cours
magistraux et la rédaction des travaux écrits de validation dans
les différentes branches du droit. Le caractère didactique tient
également au dispositif de formation qui comprend
:
- des fiches pédagogiques représentant les savoirs préalables d'une séance de cours magistral,
- des pages de notes type pour anticiper les concepts présentés lors d’un cours magistral,
- des écrits rédigés à partir de réseaux notionnels.
5.1
Répertoire de concepts juridiques
L’axe
juridique du projet a pour but de proposer un ensemble de concepts
juridiques qui couvrent les matières principales enseignées en 1ère
et 2e
années dans les UFR de droit en les ordonnançant à quatre niveaux:
- les domaines
- les parties
- les chapitres
- les sections, sous-sections et paragraphes
5.1.1 Les
domaines
La
nomenclature reflète la structure de la discipline scientifique.
Elle se distingue d’un thésaurus de la langue courante comme p.ex.
le Thésaurus
Larousse
qui opère un découpage en champs notionnels différent. Le terme
Conseil
d'Etat
y figure parmi les mots de l'article 713 consacré au Droit, tandis
que Cour
de cassation
y fait partie de l'article 714, avec comme titre de l'article
Tribunal.
Du point de vue de la discipline, ce classement ne paraît pas
logique parce que le Conseil d'Etat en tant que juridiction suprême
de l'ordre administratif est une juridiction comme la Cour de
cassation qui se trouve à la tête de l'ordre judiciaire. Le
répertoire présent les classe sous le domaine no. 10, Introduction
au droit français,
avec les termes génériques juridiction
de l'ordre administratif
et juridiction
de l'ordre judiciaire.
Actuellement, dix
domaines sont prévus. Ils sont identifiés par un numéro à deux
chiffres5
et par un énoncé:
- Introduction au droit français
- Droit constitutionnel
- Droit administratif I
- Droit administratif II
- Introduction au droit de la famille
- Droit des obligations I (droit des contrats)
- Droit des obligations II (droit des responsabilités)
- Droit des biens
- Histoire politique et sociale contemporaine
- Introduction à la méthode
5.1.2.
Les parties
Chaque
domaine se divise en plusieurs parties. Elles suivent l'ordre logique
et chronologique des enseignements d'un domaine. Les parties sont
identifiées par un numéro à quatre chiffres dont les deux premiers
sont ceux du domaine dont relève la partie, suivi par un énoncé.
Le domaine 11, droit
constitutionnel,
se divise en huit parties:
- l’histoire constitutionnelle française des débuts à 1870
- l’histoire constitutionnelle française de 1870 à 1958
- le passage de la IVe à la Ve République
- la Constitution de la Ve République
- le Président de la Ve République
- le Gouvernement sous la Ve République
- le Parlement sous la Ve République
- le Conseil constitutionnel
5.1.3.
Les chapitres
Chaque
partie est divisée en chapitres. Conformément à la numérotation
décimale, la relation d’appartenance au chapitre est indiquée par
un chiffre après un point, p.ex. 11.17.2, les compétences du
Conseil constitutionnel:
11.17:
le Conseil constitutionnel
- 1er chapitre: la composition
- 2e chapitre: les compétences
- 3e chapitre: les décisions
- 4e chapitre: l’évolution du Conseil constitutionnel
5.1.4.
Les sections, sous-sections et paragraphes
Au
niveau inférieur aux chapitres, l'ordre repose sur les rapports
hiérarchiques des concepts. La section constitue le concept
générique, exprimé par un terme générique appartenant au lexique
spécialisé, p.ex. la nomination des membres du Conseil
constitutionnel. Par défaut, le concept s’exprime par un mot ou
une expression de la langue courante, par exemple 11.17.1.2, la
fin des fonctions des membres du Conseil constitutionnel.
Chaque chapitre comprend un certain nombre de sections, de sous –
sections et de paragraphes:
11.17:
le Conseil constitutionnel
- 1ère section: la composition
- 1ère sous-section: la nomination des membres
- 2e sous-section: la fin des fonctions des membres
11.17:
le Conseil constitutionnel
- 2e section: Les compétences
- 1ère sous-section: le contrôle de la régularité des élections
- 1er paragraphe: le contentieux des élections présidentielles et des opérations référendaires
- 2e paragraphe: le contentieux des élections législatives et sénatoriales
- 2e sous-section: Le contrôle de la répartition des compétences entre le Gouvernement et le Parlement
- 3e sous-section: Le contrôle de la constitutionnalité de normes juridiques
- 1er paragraphe: des règlements intérieurs des assemblées parlementaires sur saisine obligatoire
- 2e paragraphe: des lois organiques sur saisine obligatoire
- 3e paragraphe: des lois ordinaires sur saisine facultative : le contrôle des lois votées avant leur promulgation par voie d'action, le contrôle des lois en vigueur par voie d'exception
- 4e paragraphe: le contrôle des traités et accords internationaux
- 5e paragraphe: les attributions consultatives
11.17:
le Conseil constitutionnel
- 3e section: Les décisions
- 1ère sous-section: les normes de référence énoncées par le bloc de constitutionnalité
- 2e sous-section: les normes de référence dégagées par le Conseil constitutionnel
- 1er paragraphe: les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République
- 2e paragraphe: les principes particulièrement nécessaires à notre temps
- 3e paragraphe: les objectifs de valeur constitutionnelle
- 3e sous-section: le problème de la conciliation de ces différentes normes
- 4e sous-section: la typologie des décisions
- 5e sous-section: le contenu des décisions
- 1er paragraphe: les effets des décisions et les réserves d’interprétation
- 2e paragraphe: l’autorité des décisions
11.17:
le Conseil constitutionnel
- 4e section: L’évolution du Conseil constitutionnel
- 1ère sous-section: l’extension des normes de référence
- 2e sous-section: l’extension de la saisine
- 3e sous-section: l’introduction de l’exception d’inconstitutionnalité
- 4e sous-section: le juge protecteur des droits et des libertés publiques
5.2
Lexique spécialisé et courant
Le
tableau suivant résume les signifiants d'un champ notionnel qui
doit, pour des raisons de commodité, rester très restreint. Il
s'agit d'un exemple pris dans un cours de droit constitutionnel, qui
figure dans le répertoire sous la partie 11.17,
le Conseil constitutionnel,
2e
chapitre: les
compétences,
3e
sous-section: Le
contrôle de la constitutionnalité de normes juridiques,
3e
paragraphe: des
lois ordinaires sur saisine facultative.
La colonne de gauche du tableau comprend le lexique spécialisé et
le lexique courant nécessaires aux activités langagières
réceptives et productives. La colonne de droite comprend les
définitions :
- 11.17.2.3 le contrôle de la constitutionnalité de normes juridiques
- la saisine
action de porter devant un organe une question sur laquelle celui-ci est appelé à statuer11.17.2.3.3.1 le contrôle des lois votées avant leur promulgation par voie d'action- le contrôle par voie d'action
examen d’une loi après l’adoption par le Parlement et avant la promulgation- le contrôle a priori
examen d’une loi après l’adoption par le Parlement et avant la promulgation11.17.2.3.3.2 le contrôle des lois en vigueur par voie d'exception- la question prioritaire de constitutionnalité (QPC)
Tout individu peut, à l´occasion d´un procès où il est partie, invoquer l´inconstitutionnalité d´une loi dès lors qu’elle date de plus d´un an et demander qu’on ne la lui applique pas.- le contrôle a posteriori
Le Conseil constitutionnel peut être saisi, à l’occasion des procès intentés devant les juridictions administratives et judiciaires, de la conformité aux droits et libertés constitutionnellement garantis de dispositions législatives promulguées.- le recours par voie d'exception
Au cours d'une procédure l’une des parties conteste la constitutionnalité, la conventionnalité, la légalité ou la validité d'une loi, d'un règlement ou d'un contrat dont elle souhaite écarter les conséquences juridiques à son égard.- soulever
provoquer l'examen, la discussion- instaurer
établir- instituer un contrôle
établir d’une manière durable- la recevabilité
caractère reconnu en justice à une demande en justice lorsqu’elle mérite d’être examinée au fond- recevable
être en droit d’être entendu sur le fond de sa prétention- abroger
abolir pour l’avenir
Tab. 2: Lexique
spécialisé et courant
5.3
Pages de notes type pour une meilleure prise de notes
Le
dépouillement des cours magistraux a également permis de
concrétiser les conseils ou consignes de notation pour prendre des
notes. Il est utile de signaler l'importance des éléments qui
structurent le discours et en présenter une liste ou de proposer des
abréviations (Le Monde Campus 2016). Ces consignes relèvent surtout
des habiletés et des savoir-faire. Dans l’intention de faciliter
l’accès au sens des cours magistraux, on propose aux auditeurs une
page de notes type pour une séance de cours magistral sur la
procédure applicable à la question prioritaire de
constitutionnalité (QPC)
(tableau
3). On présuppose que les enseignants de la discipline suivent à
peu près le même plan dans leurs cours magistraux. Les réseaux de
concepts servent aux auditeurs d'organisateurs avancés (Ausubel
1960). Si les étudiants les impriment avant d'aller en cours, ils
pourront mobiliser les connaissances préalables et anticiper sur les
concepts proposés par l’enseignant. Ainsi seraient-ils -
théoriquement - capables de relever les informations majeures
relatives à ce thème dans son discours. La page de notes type
pourrait donc servir d'outil pour transformer les mots de
l'enseignant en idées structurées :
Tab. 3: Page
de notes type
5.4
Réseaux notionnels
Plusieurs
signifiants du tableau 2 risquent d'être mal compris par des
étudiants allophones
et
natifs. Il ne suffit pas de connaître le sens courant des mots comme
ordinaires,
action
ou exception.
Il faut les regrouper à l'intérieur de réseaux et ainsi les mettre
en relation avec d'autres concepts: (les
lois)
ordinaires,
(par
voie d')
action,
(par
voie d')
exception.
En plus, lors d’un cours magistral, les étudiants rencontrent des
termes qui expriment des concepts nouveaux, p.ex. l’examen
de la recevabilité par la
Cour
de cassation
ou
le Conseil d'Etat.
Le devoir suivant peut servir à contrôler les notes prises en cours
sur le rôle des trois juridictions, Cour
de cassation,
Conseil
d'Etat
et Conseil
constitutionnel,
dans la procédure de la QPC. La construction des schémas
représente, au niveau conceptuel, une activité productive, sans que
soit demandé en même temps l'emploi productif des termes nouveaux.
Devoir :
Le
tableau no. 4 comprend les notions fondamentales de la procédure
applicable à la QPC, mais dans le désordre. Mettez-les dans le bon
ordre et constituez deux schémas conceptuels. Vous utilisez 11
éléments sur les douze du tableau no. 4.
- contraire à la Constitutiondécision du Conseil constitutionnel sur la disposition contestéesoulève un problème juridique nouveau ou présente un caractère sérieuxabrogée pour l’avenirn’a pas déjà été déclarée conforme par le Conseil constitutionnelsaisine du Conseil constitutionnel par la Cour de cassation ou le Conseil d’Etatexamen de la recevabilité par la Cour de cassation ou le Conseil d’Etatdes compétences d’attributionest applicable au litige ou à la procédurecritères : la disposition législative contestéetransmission ou nonconforme à la Constitution
Tab.
4: Devoir
réseau conceptuel
Solution :
La
solution du devoir se compose de deux parties. En premier lieu, on
demande aux étudiant(e)s de regrouper les critères applicables au
contrôle des lois en vigueur par voie d'exception, voir tableau 5.
Tab. 5: Solution
réseau conceptuel (1ère
partie)
Puis,
les étudiants dessinent un 2e
schéma
(tableau
6) qui représente la procédure, la décision et son effet
juridique. Si le Conseil constitutionnel déclare la disposition
législative conforme à la Constitution, cette disposition conserve
sa place dans l'ordre juridique interne. Si le Conseil déclare la
disposition législative contraire à la Constitution, la décision a
pour effet d'abroger cette disposition qui disparaîtra
de l'ordre juridique :
Tab. 6: Solution
réseau conceptuel (2e
partie)
Les deux
schémas peuvent être considérés comme des exemples pour inviter
les étudiants à en créer d'autres. Leur élaboration devrait
développer la capacité de classer et d’utiliser de manière
efficace une grande quantité de données disciplinaires et
langagières nouvelles. L’apprentissage autonome ou, dans les
termes du 1er
tableau, les savoir-apprendre, reste un objectif important et devrait
être encouragé partout où c'est possible.
En
outre, ce type de représentation graphique constitue une étape
intermédiaire dans le processus d'appropriation des contenus
notionnels jouant un rôle important dans l'organisation cognitive et
le stockage mémoriel de connaissances disciplinaires. Les
enseignements doivent être intégrés dans les connaissances
préalables pour pouvoir être récupérés plus tard. Leur
reformulation va aider les étudiants à discerner l’essentiel de
l’accessoire, à mémoriser les aspects essentiels du sujet, les
entraîner à l'emploi contextuel du vocabulaire nouveau et à
formuler un texte cohérent. Ils sont donc invités à rédiger un
petit exposé (<200 applicable="" constitutionnalit="" de="" dure="" font="" la="" mots="" prioritaire="" proc="" question="" sur="">200>
(voir
annexe).
6
Conclusion
Cet article
a pour objectif de jeter quelques bases pour la diversification des
dispositifs d‘accompagnement linguistiques pour rendre les
étudiants allophones opérationnels dans les programmes de double
diplôme. Actuellement, le concept prédominant et les programmes de
formation du Français sur objectifs universitaires (FOU) s'adressent
à un public hétérogène d’étudiants. L'article propose un autre
type de formation linguistique destiné à des étudiants relevant de
la même discipline ou regroupant des publics par domaine des
licences. Ce concept de formation, abrégé par FOU II, vise à
développer une maîtrise langagière permettant aux étudiants
allophones d'accéder aux cours magistraux de leur discipline et de
rédiger des écrits de validation, p.ex. la résolution d'un cas
pratique en droit de la famille (Eggensperger 2016a).
Dans un
cours de FOU II, il y a enrichissement simultané des savoirs
linguistiques et des données disciplinaires ainsi que des
savoir-faire
spécifiques que les apprenants développent afin de réaliser les
activités langagières. Il paraît évident qu'il ne suffit pas de
mettre des mots nouveaux sur des idées anciennes ou déjà connues
comme souvent dans un cours de français langue générale. Donc, il
faut reformuler les notions de compétence de communication et de
formation linguistique pour un cours de FOU
II.
Le 1er
tableau entend modéliser cette compétence de communication exigée
pour la résolution des tâches dans le contexte académique. Il en
résulte que, dans une perspective actionnelle, un programme de
formation linguistique qui ne tient
pas compte de l'objectif central - la maîtrise du contenu notionnel
- reste incomplet. Il est donc indispensable de rattacher un projet
de référentiel et de dispositif de formation pour un cours de FOU
II
à une discipline scientifique ou à un des quatre grands domaines
des licences mentionnés ci-dessus.
Le
projet en question se décline en trois axes: juridique, linguistique
et didactique. Il a pour objectif d'identifier les savoirs
disciplinaires, savoirs linguistiques et savoir-faire par le
dépouillement d'un corpus homogène de cours magistraux de droit. Il
en résulte le lexique spécialisé et le lexique courant de
plusieurs champs notionnels. Sur ce fondement, à titre d’exemple,
des supports de formation sont proposés pour travailler à la fois
les contenus notionnels et linguistiques. Une page de notes type
concrétisant les consignes de notation devrait faciliter l'accès au
sens des cours magistraux
(tableau
3). Elle servirait à réduire la charge cognitive des enseignements
en les comprimant et puis en les intégrant dans les connaissances
préalables des auditeurs. Ce sont des termes génériques ou têtes
de réseaux conceptuels, p.ex. la
procédure applicable à la question prioritaire de
constitutionnalité
(QPC) qui, lors d'un cours magistral, devraient rendre les étudiants
capables de réunir les informations nouvelles par une synthèse
(tableaux
4 à 6).
Reste la
question cruciale de savoir qui peut poser les bases multiples d'une
intégration efficace à l’enseignement supérieur en langue
française. A la fin de cet article, l’interdisciplinarité
apparaît comme une impérieuse nécessité. Mais pour la mettre en
oeuvre, il faut un cadre conceptuel qui détermine les rôles des
didacticiens et des spécialistes de disciplines. Le concept de FOU
fait partie de disciplines scientifiques et de l’enseignement de la
langue comme le tout est dans les parties qui sont dans le tout.
Annexe:
Rédaction: La procédure applicable à la question prioritaire de constitutionnalité
La question prioritaire de constitutionnalité est le droit reconnu à toute personne qui est partie à un procès de soutenir qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit. Toute juridiction relevant du Conseil d'État ou de la Cour de cassation peut être saisie d'une question prioritaire de constitutionnalité sauf la Cour d'assises. La question prioritaire de constitutionnalité doit être posée au cours d'un procès. C'est la juridiction saisie de l'instance qui procède sans délai à un premier examen. La juridiction examine si la question est recevable. Si ces conditions sont réunies, la juridiction saisie transmet la question prioritaire de constitutionnalité au Conseil d'État ou à la Cour de cassation. Le Conseil d'État ou la Cour de cassation procède à un examen plus approfondi de la question prioritaire de constitutionnalité et décide de saisir ou non le Conseil constitutionnel. Si les conditions de recevabilité de la question sont réunies, il appartient au Conseil constitutionnel, saisi sur renvoi par le Conseil d'État ou la Cour de cassation, de se prononcer et, le cas échéant, d'abroger la disposition législative.
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Auteur
:
Dr.
Karl-Heinz Eggensperger
Chargé
de cours à la faculté de droit
Université
de Potsdam
August-Bebel-Straße
89
14482
Potsdam
République
fédérale d'Allemagne
1 Un
des quatre grands domaines des
licences, voir
http://www.parisnanterre.fr/offre-de-formation-/les-domaines-des-licences-12871.kjsp?RH=FR
(09/02/2018).
2« Il
y a tâche
dans la mesure où l’action est le fait d’un (ou de plusieurs)
sujet(s) qui y mobilise(nt) stratégiquement les compétences dont
il(s) dispose(nt) en vue de parvenir à un résultat déterminé. »
(CECRL 2001: 15)
3 Le
construit fait abstraction de méthodes et de pratiques de classe
qui restent à déterminer en fonction de nombreuses variables
impossibles à représenter par le tableau.
4 Depuis
longtemps, on connaît la méthode du chunking
qui favorise la mémorisation d'informations et leur organisation
dans la mémoire à court terme. En 1956, dans ses recherches sur la
capacité de la mémoire, George Miller a souligné que le
traitement de l'information est soumis à des limitations chez
l'homme. Le nombre d'unités qu'un individu peut traiter
simultanément comporte un maximum. Miller
a appelé chunks
ces unités fonctionnelles de contenu informationnel: «In
order to speak more precisely, therefore, we must recognize the
importance of grouping or organizing the input sequence into units
or chunks. » (Miller
1956 http://www.musanim.com/miller1956/;
09/02/2018)
Il est vrai que plus de 60 ans après les travaux de Miller, la
définition d’un chunk
reste spéculative. Mais l'idée que lorsqu’un ensemble de données
est réduit à sa forme la plus compacte, il nécessite moins
d’espace en mémoire de travail, reste d'actualité.
5
La numérotation commence par le numéro 10 pour laisser la place à
d’autres domaines et sujets, p.ex. l’histoire du droit.