Journal of Linguistics and Language Teaching
Volume 16 (2025) Issue 2
Voyager entre les langues et les cultures
au sein d’un album de jeunesse trilingue
Esa Christine Hartmann (Université de Strasbourg, France)
Résumé :
Cet article analyse les stratégies de traduction qui éclairent la genèse de s’Mondmannele (2014), édition trilingue de Moon Man (1966) de Tomi Ungerer, réunissant des traductions en allemand, en français et en alsacien. L’étude traductologique combine une approche génétique et stylistique afin d’examiner (1) les stratégies mises en œuvre pour interpréter et recréer l’interaction sémiotique et sémantique entre les éléments visuels et textuels de l’album, (2) les procédés stylistiques employés dans les langues cibles pour transmettre le sens de manière acoustique, et (3) la transposition des éléments culturels et idiosyncrasiques – notamment l’humour singulier de Tomi Ungerer – dans les différentes traductions.
Mots-clés : Album plurilingue, album trilingue, traduction intersémiotique, Tomi Ungerer, traductologie
Abstract :
This article analyses the translation strategies that shed light on the genesis of s’Mondmannele (2014), a trilingual edition of Tomi Ungerer’s Moon Man (1966) bringing together translations in German, French, and Alsatian. The translatological analysis takes a genetic and stylistic approach to examine: (1) the strategies employed to interpret and recreate the interplay between the visual and textual elements of the picture book; (2) the stylistic devices used in the target languages to convey meaning aurally; (3) how cultural and idiosyncratic elements, such as Tomi Ungerer’s distinctive humour, are transposed across the different translations.
Keywords: multilingual picturebook, trilingual picturebook, intersemiotic translation, Tomi Ungerer, translation studies.
1 Introduction
Né à Strasbourg en Alsace en 1931, Tomi Ungerer traverse les frontières de plusieurs pays – la France, l’Allemagne, les États-Unis et l’Irlande –, dont les différentes langues et cultures enrichissent son œuvre. Trilingue dès son enfance alsacienne, pendant laquelle cet auteur-illustrateur parle le français, l’allemand et l’alsacien, Tomi Ungerer s’approprie aussi l’anglais durant son séjour aux États-Unis, dont les bases lui ont été apprises à l’école pendant l’Occupation allemande. Ainsi, les quatre langues de Tomi Ungerer deviennent aussi celles de sa création. Dans un entretien publié en 1996 dans la Revue des livres pour enfants, l’auteur-illustrateur affirme non seulement son trilinguisme, mais aussi le principe de fraternité qui gouverne son plurilinguisme créateur :
Je n’ai pas de langue maternelle. J’ai simplement plusieurs langues fraternelles. D’ailleurs je suis trilingue ; j’écris en anglais, en français, en allemand, et en plus, il faut ajouter l’alsacien (Ungerer & Parmégiani 1996 : 48).
Loin d’avoir une fonction purement communicative et identitaire, le plurilinguisme de Tomi Ungerer cristallise un ethos créateur – le fait de parler plusieurs langues devient la condition sine qua non de sa créativité :
Quand on est trilingue, on a une possibilité́ bien plus grande de jouer avec les mots, on peut trafiquer d’une langue à l'autre. (…) On peut s’amuser avec les langues, on peut les faire transpirer, les mettre au gril. Pour moi un coucher de soleil, je le ressens en français, en allemand, en anglais ou en alsacien, de cette façon, je peux jouir de quatre couchers de soleil à la fois, au niveau astral, c’est pas mal ! (Ungerer & Parmégiani 1996 : 49)
Pour Tomi Ungerer, être plurilingue signifie, d’abord et surtout, être créatif, être créateur. La pluralité linguistique ne décuple non seulement les possibilités sensorielles, cognitives et psychologiques des perceptions et des expériences ou, comme il l’exprime de façon humoristique, le fait de « jouir de quatre couchers de soleil à la fois », mais augmente également le pouvoir d’invention. La force créatrice, qui émerge des langues fraternelles cohabitant dans l’univers imaginaire de cet auteur, se révèle donc comme un moteur scriptural à l’origine de ses œuvres, qui revêtent ainsi une signification linguistique.
Il est, en effet, fort difficile de déterminer une hiérarchie génétique parmi ces langues fraternelles de Tomi Ungerer, qui, tour à tour, se révèlent comme des langues d’écriture et de création : selon son pays de résidence actuel mais aussi selon l’emplacement et l’orientation linguistique de ses éditeurs, Tomi Ungerer écrit tour à tour en anglais, en français et en allemand, l’anglais étant néanmoins devenu peu à peu sa « langue de prédilection », « tant à l’oral qu’à l’écrit ». (Schneider & Willer 2014 : 305)
Il n’est donc pas étonnant que Tomi Ungerer ait parfois collaboré aux traductions de ses œuvres (ibid. : 311-312), qui sont éditées successivement en anglais, en allemand et en français, avant d’être traduites dans d’autres langues :
Cette appétence particulière pour les langues – il a appris l’allemand en trois mois, l’alsacien dans la cour de l’école, l’anglais en deux ans – explique pourquoi il s’est soucié des traductions de ses œuvres, de leur passage de l’anglais, langue dans laquelle il écrit, vers le français ou l’allemand. Ungerer aime traduire et retraduire ses textes, en y ajoutant souvent sa patte personnelle, sensible au relief des mots, à leurs contours, aux expressions imagées que les expressions renvoient, mais aussi au contexte culturel, au peuple auquel il s’adresse. Traducteur et retraducteur au gré des éditions, il se positionne en linguiste qui passe alternativement d’une langue à l’autre, sans frontières, sans a priori, effaçant par là même les rapports de domination qui peuvent s’exercer entre elles. (Schneider & Willer 2016 : 96)
Parfois, les éditions successives dans les trois langues – l’anglais, l’allemand et le français – ainsi que les traductions auxquelles Tomi Ungerer collabore Douglas 2015 : 137), l’incitent à réécrire le texte original anglais, comme l’ont constaté Anne Schneider et Thérèse Willer :
Par exemple, l’album Les Trois brigands a été écrit en anglais, puis traduit en allemand, puis en français et à nouveau remanié par Ungerer pour offrir une nouvelle version anglaise. Il constitue un circuit éditorial particulier, qui montre qu’il s’agit là d’une œuvre vivante et que ses diverses traductions et retraductions lui donnent à chaque fois une nouvelle vie, l’enrichissent et contribuent à sa longévité et à sa prospérité. (Schneider & Willer 2014 : 310)
La découverte de la démarche créatrice plurilingue de Tomi Ungerer (Benert 2017) nous a amenée à nous intéresser à une édition alsacienne de son album Jean de la Lune. Réunissant les versions allemande, française et alsacienne, l’édition trilingue s’Mondmannele semble en effet refléter le plurilinguisme d’enfance de Tomi Ungerer, mais aussi les relations secrètes qu’entretiennent ces trois langues dans l’imaginaire créateur de l’auteur-illustrateur alsacien. C’est pourquoi nous avons choisi d’étudier le processus de traduction qui a donné naissance à cette édition, et notamment à la version alsacienne. Le processus de traduction peut être lu comme un véritable acte créateur « entre les langues », dévoilant les différentes relations « fraternelles » entre les trois versions de cet album.
L’analyse traductologique ici présentée combinera deux approches :
L’approche génétique, qui cherche à retracer la genèse et le processus créateur des différentes traductions, ainsi que
l’approche stylistique, qui étudie les éléments poétiques à l’origine des différents choix traductifs dans les trois versions respectives. (1)
Notre étude tentera de répondre aux questions suivantes :
Quelles stratégies de traduction sont développées pour interpréter et recréer les interactions sémiotiques et sémantiques entre les éléments textuels et visuels de l’histoire illustrée ?
Quels éléments stylistiques sont employés dans la langue cible pour contribuer de façon acoustique au déploiement de la signification et de la narration ?
Comment sont rendus les éléments culturels et idiosyncrasiques spécifiques dans la langue cible, comme l’humour de Tomi Ungerer ?
La composition de cette étude suivra trois étapes :
la présentation de l’édition trilingue s’Mondmannele,
l’exploration de son processus de traduction, et
l’établissement d’une poétique de la traduction multimodale.
2 L’édition trilingue de l’album Jean de la Lune
L’album Jean de la Lune raconte la visite, tant désirée, par Jean de la Lune sur Terre. Lorsque, grâce à une comète, celui-ci atteint la destination de ses rêves, son voyage se transforme tout à coup en une aventure dangereuse. L’apparence insolite de Jean de la Lune lui vaut d’être capturé et fait prisonnier. Jeté dans une cellule, il entre, fort heureusement, dans la troisième phase lunaire, rétrécissant pour pouvoir s’échapper à travers les barreaux de la fenêtre de la prison. Profitant de sa liberté retrouvée, Jean de la Lune découvre avec émerveillement la nature de la Terre et réalise enfin son rêve : danser lors d’un bal costumé par une belle nuit d’été. Mais la joie ne dure pas longtemps : la police arrive, Jean de la Lune s’enfuit dans la forêt et trouve refuge dans le château caché du Professeur Ekla des Ombres, qui lui montre la fusée spatiale qu’il a inventée. Lorsque Jean de la Lune rétrécit à nouveau pour entrer dans sa troisième phase, il prend congé de son bienfaiteur, monte dans la fusée et s’envole vers la lune, sa demeure argentée, où il vivra heureux pour toujours.
L’album voit le jour dans sa version anglaise, que Tomi Ungerer crée pendant son séjour à New York (1956-1971). L’édition originale est ainsi publiée à chez Harper & Row à New York en 1966, sous le titre Moon Man. La même année, Moon Man est traduit en allemand par Elisabeth Schnack et paraît sous le titre Mondmann aux éditions Diogenes à Zurich, tandis que la traduction en français par Aldophe Chagot paraît en 1969 sous le titre Jean de la Lune à l’École des Loisirs à Paris. L’édition alsacienne s’Mondmannele est publiée en 2014 aux éditions La Nuée bleue (2). Cette édition trilingue combine les versions française et allemande avec une version alsacienne, réalisée par Bénédicte Keck, et représente la deuxième édition trilingue d’un album de Tomi Ungerer.
En effet, c’est en 2008 que les éditions La Nuée bleue à Strasbourg lancent la première édition alsacienne d’un album de Tomi Ungerer. Cette édition trilingue intitulée Die drei Raiwer réunit les trois versions alsacienne (par Robert Werner), française (Les Trois Brigands par Adolphe Chaget) et allemande (Die drei Räuber par Tilde Michels). Dans sa préface intitulée « Tomiphonie », Bernard Reumaux, directeur des éditions La Nuée Bleue, expose les circonstances et objectifs de ce « rapatriement » en terre alsacienne d’une œuvre devenue internationale :
Il aura fallu que Tomi Ungerer passe le cap de ses soixante-quinze ans pour que paraisse cette édition trilingue – alsacien/français/allemand – du plus fameux de ses livres pour l’enfance, Les Trois Brigands, publié pour la première fois en anglais en 1962. Depuis les espiègles aventures de Tiffany et des hors-la-loi au grand cœur ont fait frissonner et sourire d’innombrables jeunes – et moins jeunes ! – dans le monde entier : vingt traductions parues et deux millions d’exemplaires vendus… En 2008, après avoir vagabondé avec bonheur sur les cinq continents, le livre revient aux sources des trois langues de l’enfance de Tomi Ungerer et rend ainsi hommage à la culture multiple d’une région placée au centre géographique de la grande Histoire européenne. […] Comme dans la vie quotidienne en Alsace, les trois langues cohabitent avec bonheur sur la même page, permettant de stimulants travaux pratiques. (Reumaux 2008 : non pag.)
Le layout de l’album, où les trois langues d’enfance de Tomi Ungerer cohabitent sur même la page, reflète ainsi, conformément à la politique éditoriale de cette édition alsacienne, la polyphonie sociolinguistique des trois langues présentes sur le territoire alsacien (Willer 2015), brillamment conceptualisée en tant que « Tomiphonie » (3). Transparaît ici également la vocation pédagogique de cette cohabitation des trois langues au sein de l’album, « permettant de stimulants travaux pratiques » (Reumaux 2008 : non pag.) de linguistique contrastive, qui transforme l’édition trilingue de l’album de Tomi Ungerer en une ressource pédagogique dans le contexte de l’enseignement bilingue en Alsace.
Cette triple vocation identitaire, sociolinguistique et pédagogique, qui vise à réaffirmer l’identité alsacienne, à revitaliser la langue alsacienne et à favoriser un enseignement bilingue, voire trilingue, en Alsace à travers une littérature de jeunesse alsacienne, apparaît également dans la postface qui clôt cette première édition alsacienne :
S’engager pour une édition à trois voix du plus pétillant des contes de Tomi Ungerer, c’est tout d’abord rendre hommage à un artiste qui incarne plus que quiconque l’esprit d’une Alsace malicieuse et conquérante, fière de son dialecte et généreusement ouverte sur le monde. […] L’histoire des Trois Brigands a déjà trouvé sa place dans les écoles. Cette version trilingue donnera lieu à de nouvelles exploitations pédagogiques pour rendre à l’alsacien toute sa place dans l’univers scolaire des petits. (Reumaux 2008 : non pag.)
Or, comme le titre alsacien ainsi que la mise en page ou le layout l’indiquent, les deux éditions trilingues, réunissant trois traductions sans que le texte original en langue anglaise soit présent au sein de l’album, mettent en avant la version alsacienne. Ces éditions trilingues représentent en effet un cas fort rare sur le marché des albums plurilingues, qui, dans la majorité, sont des albums bilingues, réunissant un texte original et sa traduction. (Hartmann 2020).
Fig. 1 : Couverture et page de garde de l’album s’Mondmannele
Dans l’album trilingue s’Mondmannele, la vocation identitaire et sa dimension affective sont particulièrement manifestes, comme dans cet avant-propos de Justin Vogel, Président de l’Office pour la langue et la culture d’Alsace :
Un livre de Tomi Ungerer est toujours une formidable découverte. Et s’il est présenté en alsacien, cela ne peut que vous aller droit au cœur ! »(Vogel 2014 : non pag.)
Et il poursuit, en assimilant le contenu de l’album à la condition alsacienne, à l’identité alsacienne, à l’altérité alsacienne :
Car c’est quoi être Alsacien ? Français ? Bien sûr ! Alaman? Effectivement ! Européen ? Évidemment. Les Alsaciens sont un peu de tout cela à la fois… Chaque Alsacien comprend à travers ce livre la difficulté d’être ‘différent’, car les Alsaciens sont eux aussi, parfois, des Jean de la Lune. (ibid.)
L’avant-propos vise ici une identification culturelle et identitaire entre le héros de l’album, Jean de la Lune, et le public cible, les Alsaciens, une identification qui est fondée sur l’expérience de l’altérité. L’évocation d’une identité alsacienne, incarnée à la fois par Tomi Ungerer et par son héros Jean de la Lune, sert ici de justification au choix et à la répartition des trois langues dans cet album plurilingue.
En effet, si l’on observe la configuration spatiale des trois langues sur la page, on constate que le texte alsacien est écrit en gros caractères, tandis que les textes français et allemand sont de très petite taille. Le texte allemand est en italique, le texte français en caractères normaux ; ces deux textes sont placés en miroir, comme dans un livre bilingue, sous le texte alsacien, beaucoup plus grand, qui « trône » sur la page et domine les versions française et allemande. Ce layout cristallise une politique linguistique spécifique, qui cherche à promouvoir la langue alsacienne comme une langue littéraire. De ce fait, les caractéristiques de la mise en page de cet album accordent une place plus importante à la langue alsacienne, langue minoritaire, qu’aux deux langues majoritaires, le français et l’allemand :
Fig. 2 : Incipit de l’album s’Mondmannele
Dans une perspective sociolinguistique, cette édition inverse le rapport de force entre langue nationale (français) et langue régionale (alsacien), entre langue standard (Hochdeutsch) et dialecte régional (Elsässisch), entre langue majeure et langue mineure, et vise à émanciper la langue alsacienne en danger, en lui donnant un statut littéraire dominant au sein de l’album. Paradoxalement, grâce aux choix typographiques, la traduction alsacienne se voit attribuer le statut présumé de texte source, tandis que les traductions française et allemande sont censées servir de médiation.
3 L’exploration du processus de traduction
Bénédicte Keck, autrice de la traduction alsacienne, nous a confirmé lors d’un entretien téléphonique que la version alsacienne avait été élaborée à partir des deux versions française et allemande, comme l’explique également la mention alsacienne sur la page de grand titre de l’album : « Üssem Frànzeesche ùn’em Ditsche vùn Bénédicte Keck » [Du français et de l’allemand, par Bénédicte Keck]. Le processus de traduction est ainsi révélé et explicité dans le paratexte de l’album, ce qui représente une pratique éditoriale rare. Cette indication péritextuelle est certainement destinée à souligner le statut intermédiaire de la langue et de la culture alsaciennes, traversant les frontières entre le français et l’allemand.
La traduction alsacienne émerge donc de deux textes sources, qui sont utilisés simultanément lors de l’écriture traduisante. Cependant, ces deux textes – la version française Jean de la Lune et la version allemande Der Mondmann – ne correspondent pas à la version originale en langue anglaise, écrite par Tomi Ungerer et intitulée Moon Man. C’est pourquoi la version alsacienne doit être qualifiée de traduction indirecte, puisqu’elle s’appuie sur deux versions linguistiques qui ne correspondent pas à la version originale.
Si nous considérons les différentes versions linguistiques selon leur ordre génétique, le caractère spécifique de la traduction alsacienne apparaît dès l’incipit de la narration. Commençons par le texte anglais :
On clear, starry nights the Moon Man can be seen curled up in his shimmering seat in space.
L’expression shimmering seat in space décrit la lune qui brille dans l’illustration. L’allitération en [s] semble évoquer la brillance étincelante de la lune. D’autre part, l’expression curled up suggère un sentiment de bien-être, de « Gemütlichkeit » en allemand ou de « coziness » en anglais, transformant le disque lunaire en une habitation douillette.
L’emploi du verbe see ('voir’) dans l’expression « the Moon Man can be seen » ('Jean de la Lune peut être vu’) crée une référence explicite à l’illustration : la fonction descriptive du texte domine ici sa fonction narrative, de sorte que l’image revêt le statut de référent, incarnant le contenu narratif. Le lecteur est invité à contempler les images, qui jouent le premier rôle dans le déploiement de la narration. Ainsi, dès le début de l’histoire, dès l’incipit de la narration, est établi un mode de lecture intermédiale ou multimodale : l’image porte la signification du texte – le verbal se réfère au visuel. (Kümmerling-Meibauer 2014)
La traduction allemande est assez fidèle à l’original anglais : starry nights conduit à l’expression poétique « sternklare Nächte », tandis que la lune, espace d’habitation métaphorique, est évoquée par Wohnung, c’est-à-dire 'habitation’ :
In sternklaren Nächten kann man den Mondmann am Himmel droben sehen, wie er zusammengekauert in seiner silbernen Wohnung sitzt.
La version française, en revanche, fait preuve d’une licence poétique, car elle s’écarte de l’original anglais :
Avez-vous vu Jean de la Lune, là-haut dans le ciel ? Pelotonné dans sa boule argentée, il vous fait signe amicalement. Il attend que vous lui rendiez sa visite, une visite que tout le monde ici a oubliée, et que je vais vous conter.
La traduction française n’est parallèle ni au texte source en anglais ni au texte allemand avec lequel elle est placée en miroir dans l’édition trilingue. En effet, la version française livre avant tout une description de l’illustration : l’allusion à la façon amicale avec laquelle Jean de la Lune communique avec le lecteur – la phrase « il vous fait signe amicalement » – traduit le contenu sémantique de l’image, mais non celui du texte source.
Dans ce cas, la version française n’est pas le fruit d’une traduction interlinguistique passant du texte source en anglais vers le texte cible en français, mais d’une traduction intersémiotique, passant du signe visuel de l’illustration vers le signe verbal du texte français. Ainsi, la version française traduit l’image et non le texte source.
Une autre caractéristique de la version française consiste en la création d’une situation d’énonciation explicite. L’incipit de l’histoire dans la version française ne remplit pas seulement une fonction descriptive, mais aussi communicative, car elle s’adresse directement au lecteur, ou, dans une situation de lecture offerte, à l’enfant qui écoute l’histoire :
Avez-vous vu Jean de la Lune, là-haut dans le ciel ?
Il attend que vous lui rendiez visite.
Ainsi, par l’emploi du pronom personnel vous, le narrateur s’adresse directement au lecteur, qu’il implique dans le processus de narration de l’histoire.
Or le narrateur lui-même prend également la parole, comme l’exprime l’emploi du pronom personnel à la première personne : « une visite… que je vais vous conter. » Une situation de communication s’installe donc entre le narrateur et le lecteur, qui convertit le processus de lecture en une storytelling performance, lors de laquelle le narrateur se transforme en un conteur, tel le suggère le verbe conter : « une visite que je vais vous conter ».
Cette relation qui s’installe entre le conteur et son auditoire est doublée par la relation qui se dessine entre le héros de l’histoire, Jean de la Lune, et le lecteur. Le texte français dit en effet :
Il vous fait signe amicalement. Il attend que vous lui rendiez sa visite.
Cet échange fictif entre Jean de la Lune et le lecteur permet au dernier d’entrer activement dans l’univers narratif, d’entreprendre un voyage imaginaire vers la lune, de s’engager activement dans l’action de l’histoire. Grâce à cette interaction entre le personnage principal du récit et le lecteur, celui-ci remplit le rôle d’un véritable personnage à l’intérieur de la trame narrative.
Considérons enfin la version alsacienne. Celle-ci s’inspire avant tout de la version française dans cet incipit, comme en témoignent le caractère oral de la situation d’énonciation qui s’apparente à un storytelling setting, à une situation qui dresse l’univers du conte. La version alsacienne reproduit également l’implication de l’auditoire dans le processus de narration, ainsi que l’ajout narratif de Jean de la Lune qui attend une visite de retour de la part du lecteur.
Si la version alsacienne suit donc le texte français dans cet incipit, un autre passage montre une stratégie de traduction clairement différente, qui combine trois différentes procédures :
En premier lieu, la première phrase de la version alsacienne consiste en une traduction du texte allemand. Ainsi, la version allemande devient le texte source 1 de la version alsacienne :
Version allemande :
Eines Nachts sauste ein Komet an ihm vorbei.
Version alsacienne :
Einmal in de Naacht isch e Komet an’m verbi gsüst.
Le seul changement que nous pouvons détecter ici réside dans le changement du temps du verbe : le preterit sauste dans la version allemande signifie passa en français et est utilisé, tel le passé simple, pour la narration au passé. Dans la version alsacienne, il est remplacé par le passé composé ou « Perfekt » isch gsüst ('est passé’), employé pour exprimer une action au passé dans un discours parlé.
Ensuite, la deuxième phrase de ce passage correspond à une traduction à partir du texte français, qui devient ainsi texte source 2 de la version alsacienne :
Version française :
Jean de la Lune ne manqua pas l’occasion
Version alsacienne :
s’Mondmannele het die Gelajeheet nit welle verpasse !
Il s’agit ici d’un ajout narratif dans la seule version française, puisque ce passage est absent des versions anglaise et allemande.
Cependant, la version alsacienne prend ici quelques libertés par rapport au texte français, notamment par l’ajout d’un point d’exclamation, qui dramatise la situation et le discours narratifs et représente une indication pour la lecture à voix haute et la façon de mettre en scène le spectacle de la narration.
Enfin, la troisième phrase de ce passage alsacien retourne vers le texte source allemand, même si la première partie de la phrase est omise, comme dans la version française :
Anglais :
The Moon Man leaped just in time to catch the fiery tail of the comet.
Allemand :
Der Mondmann sprang gerade noch rechtzeitig hoch und erwischte den Kometen bei seinem feurigen Schweif.
Français :
Il saisit la comète pas sa traîne de feu et s’envola.
Alsacien :
Es het de Komet grad noch in de Zitte an sinem fiiriche Waddel geschnappt un het sich mitschleppe lon.
La partie finale de la phrase de la version alsacienne un het sich mitschleppe lon, qu’on pourrait traduire en français par « est s’est laissé entraîner », représente un ajout narratif par rapport à toutes les autres versions. Il s’agit ici d’une traduction intersémiotique, puisque la version alsacienne décrit ici l’action dynamique évoquée par l’image, le fait de s’envoler avec la comète, comme le suggère d’ailleurs aussi la traduction française « et s’envola ».
L’exemple suivant montre l’humour de Tomi Ungerer – humour alsacien (Raphaël 2015) – qui augmente la tonalité satirique de Jean de la Lune. D’autre part, ce passage illustre aussi les caractéristiques linguistiques de la langue alsacienne, émergeant du contact entre les langues française et allemande.
Considérons d’abord le texte original en anglais, qui possède le statut et la fonction d’une note de bas de page. Celle-ci est annoncée par un astérisque dans l’illustration, placée au-dessus de l’image d’un marchand de glaces. Cette procédure « astérisque – note de bas de page » correspond au statut énonciatif d’une mention – d’un discours au deuxième degré qui double la narration – et possède la fonction d’un clin d’œil humoristique où transparaît la voix de Tomi Ungerer, clin d’œil qui crée un lien de complicité entre l’auteur et son lecteur.
La relation entre la mention et la référence marquée par l’astérisque montre le fait que le texte commente ici l’image et que, au sein de l’acte créateur de Tomi Ungerer qui a donné naissance à cet album, la création de l’image précède l’invention textuelle :
Anglais :
The ice cream man hurried to set up his stand for the spectators.
Allemand :
Der Eisbudenmann wollte einen Verkaufsstand für die Neugierigen aufschlagen.
Français :
Un marchand de glace courageux – qui espérait faire de bonnes affaires – les précédait.
Dans ce passage, la version alsacienne s’est entièrement libérée des autres versions et crée son propre aparté humoristique :
Alsacien :
Mit denne ganze Wunderfitzle het s’ kuraschierte Glace-Mannele glich s’gute Gschaft gschmeckt.
Si nous considérons cette phrase, nous remarquons que deux figures stylistiques sont à la source de cet humour alsacien. Premièrement, la sonorité d’une allitération en [g] – Glace / glich / gschaft / gschmeckt permet au conteur de donner une scansion drôle à sa lecture théâtralisée.
Deuxièmement, une métaphore culinaire vient à propos dans le contexte de la glace à déguster, l’expression alsacienne s’gute Gschaeft gschmeckt signifiant que le marchand de glaces a senti le bon goût des affaires.
Enfin se dévoile ici le résultat du contact des langues, qui contribue également à créer une note humoristique. En effet, l’expression alsacienne glace-mannele pour marchand de glaces révèle une combinaison fort intéressante entre le mot français glace et le mot allemand dialectal mannele, qui signifie ’petit homme’. Le mot composé glace-mannele, qui pourrait être littéralement traduit par ‘petit bonhomme de glace’, contient, en effet, en tant que diminutif du terme alsacien de glassmann, équivalent de ‘glacier’, une nuance péjorative. Cette nuance met en lumière le discours ironique du narrateur, qui se moque ainsi gentiment de la cupidité capitaliste incarnée par le glacier. Le mot composé glace-mannele semble faire écho au mot mondmannele, à la fois titre de l’album et nom du personnage principal éponyme. Ce dernier représente également un diminutif, mais cette fois-ci avec une connotation affective.
Or, la construction du mot-valise glace-mannele, avec la présence du tiret, résultant du mot français glace (au lieu de la graphie ‘glass’ dans le mot alsacien glassmann), illustre une création néologique, une invention qui reflète celles, souvent uniques, de Tomi Ungerer. Cette inventivité est également caractéristique du dialecte alsacien, qui permet la formation originale de mots valises, en combinant des mots de différentes langues, souvent en associant un mot français à un mot allemand ou alsacien.
4 Éléments pour une poétique de la traduction multimodale
Quels éléments pouvons-nous retenir de cette analyse traductologique pour élaborer une poétique de la traduction caractérisant le processus de création de la version alsacienne dans cette édition trilingue ?
Traduire un album – appelé « livre d’images » en anglais et en allemand, comme le dévoilent les mots picturebook et Bilderbuch – correspond à un processus de traduction spécifique. Cette spécificité réside dans le fait que la traduction d’un album émerge à partir d’un mouvement dialectique et complémentaire entre le texte et l’image : c’est cette interaction entre le visuel et de textuel qui donne naissance à l’écriture traduisante. Celle-ci combine donc la traduction intersémiotique – décrivant, par exemple, l’expression faciale de Jean de la Lune – avec la traduction interlinguistique.
Dans le cas de la version alsacienne de s’Mondmannele, celle-ci se fait à partir de deux textes source : à partir du texte allemand et à partir du texte français. Ce phénomène extrêmement rare peut être qualifié comme une traduction indirecte double, puisqu’elle se fonde sur deux traductions – la version allemande et la version française – et non sur le texte original en langue anglaise.
A côté de cette interaction entre le visuel et le verbal qui constitue le point de départ de l’écriture traduisante, une troisième dimension entre en jeu : il s’agit de la dimension auditive ou acoustique qui constitue un élément important à être pris en compte dans le processus de traduction. De fait, comme l’album s’Mondmannele est destiné à être lu à haute voix par un adulte, le texte alsacien adopte un style de narration sonore évoquant le personnage du conteur. Le narrateur-conteur s’adresse ainsi directement à son auditoire qu’il implique dans le processus de narration, tandis que son discours fait preuve de stratégies de répétition sonore, comme la figure stylistique de l’allitération. Cette combinaison des éléments verbaux, visuels et sonores transforme le processus de traduction, mais aussi le processus de narration à voix haute en une expérience esthétique holistique.
Le fait de traduire un album implique également un processus de médiation culturelle, qui est conditionnée par le contexte culturel dans lequel s’inscrit l’auditoire, mais aussi par le médium culturel de la langue cible. Dans le cas de la traduction alsacienne, nous avons pu observer que le narrateur-traducteur interagit avec le lecteur en utilisant l’humour, en créant, par exemple, une métaphore culinaire.
Une autre dimension culturelle de la version alsacienne réside dans l’emploi de l’oralité qui renforce la situation de narration. Ce caractère oral est souligné par l’usage du passé composé, utilisé comme temps du récit, contrairement au prétérit dans la version allemande ou au passé simple dans la version française.
L’emploi de mots composés nés d’un contact de langues franco-allemand et illustrant l’inventivité du dialecte alsacien – incarné dans la présence du mot composé glace-mannele – représente, lui aussi, la dimension culturelle qui se fait jour dans l’acte de traduction. Car, comme le précise Umberto Eco dans son livre Dire presque la même chose,
une traduction ne concerne pas seulement un passage entre deux langues, mais entre deux cultures, ou deux encyclopédies. Un traducteur tient compte des règles linguistiques, mais aussi d’éléments culturels, au sens le plus large du terme (Eco 2007 : 190)
Dans son article, Anne Schneider constate une polyvalence inhérente à l’acte traductif, fondée sur une interprétation affective, culturelle et réceptive du texte source :
On le voit bien, la traduction repose sur une interprétation affective, culturelle et réceptive des contextes et de l’Autre. La projection d’autrui comme récepteur du livre est essentielle dans la traduction, a fortiori lorsqu’il s’agit de littérature de jeunesse, mais elle suppose également que l’on ait une représentation des langues elles-mêmes. (Schneider 2015 :144).
La version alsacienne de l’histoire de Tomi Ungerer est ainsi façonnée par son double, lectorat, enfant et adulte, tout en reflétant la conscience de la diversité linguistique qui caractérise le dialecte alsacien, mais aussi l’édition trilingue s’Mondmannele, la trajectoire biographique de Tomi Ungerer, à l’origine de sa créativité littéraire et artistique :
Parce qu’il a lui-même intégré les étapes d’appropriation d’une langue seconde en contexte bilingue et qu’elle a été pour lui à la fois un socle et une passerelle vers d’autres langues, il a pu se glisser dans l’affectivité des mots et devenir un créateur lexical et linguistique hors pair. Schneider 2024 : 36)
5 Conclusion
Le processus traducteur qui a donné naissance à la version alsacienne conduit à l’établissement d’une poétique de la traduction. Spécifique à l’album trilingue s’Mondmannele, cette poétique peut également établir quelques critères pour la traduction d’un album en tant que genre littéraire. Une telle poétique de la traduction se révèle comme un processus de médiation multimodale et interculturelle, qui transcende les frontières linguistiques, sémiotiques et culturelles pour les réunir au sein d’une seule œuvre d’art.
Transcender les frontières incarne, selon Antoine Berman, l’essence de toute activité de traduction : « l’essence de la traduction est d’être ouverture, dialogue, métissage, décentrement » Berman 1995 : 16). Cette transcendance des frontières dans et par la traduction conduit parfois à une véritable renaissance du texte original : « L’œuvre traduite est parfois régénérée » (ibid. : 20).
Cette renaissance se révèle dans la « complicité passionnée » avec laquelle le traducteur lit et traduit l’œuvre source. Cette relation intime, décrite par Umberto Eco comme la condition première de la fidélité, illustre la profonde immersion affective du traducteur dans l’univers de l’œuvre originale :
La fidélité est la conviction que la traduction est toujours possible si le texte source a été interprété avec une complicité passionnée, c’est l’engagement à identifier ce qu’est pour nous le sens profond du texte, et l’aptitude à négocier à chaque instant la solution qui nous semble la plus juste. (Eco 2007 : 435)
Cette complicité passionnée transparaît certainement dans la version alsacienne, dont la vivacité reproduit, entre les lignes, les clins d’œil humoristiques du narrateur et de l’auteur.
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Autrice :
Esa Christine Hartmann
Maître de conférences d'études germaniques
Faculté des Lettres
Université de Strasbourg
France
Courriel : e.hartmann@unistra.fr
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(1) Quelques passages de cette étude sur les traductions dans l’édition trilingue s’Mondmannele ont fait l’objet d’une publication en anglais. Voir E. Hartmann, « Lunar Journeys. Investigating Translation in Multilingual Picturebooks », Translation Matters, 3(2), 2021, p. 92-109.
(2) Établie depuis plus d’un siècle au cœur de Strasbourg, La Nuée Bleue est une maison d’édition dévouée principalement à la valorisation des ouvrages alsatiques. Elle publie des ouvrages dédiés à l’histoire et au patrimoine de l’Alsace, des récits historiques et des romans, ainsi que des livres gastronomiques. Elle abrite également une collection jeunesse, composée de romans d’aventure ancrés dans l’histoire alsacienne.
(3) La « Tomiphonie » fait ici écho au concept de la polyphonie de Bakhtine dans les romans de Dostoïevski. Voir M. Bakhtine, La Poétique de Dostoïevski, Paris, Seuil, 1970.